Samedi 18 octobre 2025 : randonnée collective de Marignac à la chapelle de Souesté et représentation théâtrale. Une journée mémorielle en hommage aux évadés et passeurs fuyant l’occupation allemande nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le rendez-vous de samedi à Marignac a réuni plus d’une centaine de marcheurs pour une randonnée matinale jusqu’à la chapelle de Souesté. Une marche mémorielle pour inaugurer le sentier transfrontalier, en présence du Président Alain Puenté et de plusieurs élus de la CCPHG, de M. le Sous-Préfet, des élus de Neste Barousse, des homologues espagnols du Val d'Aran, des partenaires du projet tel l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG), de l’association des Chemins de la Liberté, de familles descendantes de passeurs et habitants.
Cet itinéraire de 38 km complète le parcours pédagogique de Marignac inauguré en 2022. Il est destiné aux randonneurs expérimentés, avec plusieurs jours de marche et 2 000 m de dénivelé positif.
La randonnée a été ponctuée de haltes, avec des interventions de Gaëtan Blosse, référent Mémoire à l’ONACVG, partenaire du projet. Ses récits, le vécu des passeurs et évadés ont pris d’autant plus de sens et d’ampleur mémorielle au sein même de l’espace montagnard. Les passeurs étaient des personnes qui connaissaient parfaitement la montagne. Ils vivaient à proximité, en Barousse et dans le Haut Comminges. Ils étaient également des pyrénéistes, spéléologues, alpinistes. En général, les convois étaient assez restreints avec, tout de même, un record de 42 personnes !
À 11 heures, comme prévu, l’ensemble des randonneurs s’est retrouvé à la Chapelle de Souesté où une silhouette a été dévoilée. Ce personnage symbolise le passeur et balise le parcours jusqu’en Espagne. Cet itinéraire est « un fil de la mémoire » qui relie Saléchan à Bausen en passant par le Burat.
Les intervenants ont ensuite partagé un message d’humanisme, de tolérance et de fraternité. Ce sentier relève d’un devoir de mémoire. Il a vocation à « se souvenir et perpétuer le passage de celles et ceux qui ont enduré la souffrance et la barbarie » et qui ont eu le courage de s’enfuir vers la liberté.
Cette journée était un hommage à « ces héros ordinaires, les résistants et les passeurs, tous ces hommes de bien qui n’ont pas hésité à prendre des risques incommensurables, qui ont bravé la peur, le froid, la douleur, la torture, qui ont été arrêtés, déportés et qui sont allés jusqu’au sacrifice suprême pour que vive ce qui est fondamental à chacun d’entre nous, cette part d’humanité irréductible que nous ne devons jamais abandonner. » Nous leur devons une part de notre liberté.
Les allocutions ont également évoqué l’histoire pyrénéenne commune de la France et de l’Espagne :
« Les Pyrénées ne sont pas une frontière, ils ont toujours été un lieu de passage. Ils ont toujours vécu sur la dignité et sur la solidarité entre les hommes, une histoire et une culture communes ».
Ce sentier mémoriel est aussi un symbole du développement touristique commun avec le Val d’Aran. Il allie la randonnée sportive à la découverte du patrimoine, de la culture et des paysages pyrénéens.
Après une collation sous un soleil rayonnant autour de la chapelle, face à un paysage automnal éblouissant, la Compagnie Ceci N’est Pas Une Caravane a présenté un spectacle spécialement créé pour l’occasion. Quatre actrices pour un témoignage émouvant et poétique sur la force de résistance des hommes et des femmes ayant vécu l’enfermement et la souffrance sans jamais abdiquer. Un questionnement sur nos actes, leurs devenirs, mais surtout un hymne à la vie. Des lectures de lettres, entrecoupées de réflexions, une chanteuse et une danseuse-déambulatrice ont rendu un hommage poignant à ceux qui, à cette période, ont eu la force et l’engagement de regagner la liberté.
« Souvenez-vous de ceux qui ont marché sans armes pour rester des hommes ».